Autour du monde: les anarchosyndicalistes cubains
Manifeste de l’association syndicaliste libertaire de Cuba |
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Contre l’Etat sous toutes ses formes Les adhérents de l’Association Syndicaliste libertaire, considèrent comme un devoir impérieux d’affirmer, dans cette étape de réalisations révolutionnaires de notre peuple, que nous sommes opposés, non seulement à certaines formes de l’Etat, mais à l’existence même de celui-ci comme organisme dirigeant de la société et partant, à toutes politique qui tende à créer une hyper-trophie étatique, à amplifier les pouvoirs de l’Etat ou à lui donner un caractère totalitaire et dictatorial. Les militants syndicalistes libertaires, ainsi que les camarades des autres pays estiment qu’il est impossible de réaliser une véritable révolution sociale, sans procéder en même temps qu’à l’élimination de l’Etat, en tant qu’entité politique et administrative, en lui substituant les organismes de base révolutionnaire, comme les syndicats ouvriers, les municipalités libres, les coopératives agricoles et industrielles d’usines et de paysans, libres de toutes ingérences autoritaires. Les superstitieux de la politique croient que la société humanitaire est la conséquence de l’Etat, alors que la réalité montre que l’Etat n’est que l’expression la plus terrible de la dégénérescence de la société divisée en classes ; dégénérescence qui trouve son point culminant dans les brutales inégalités, les injustices et les antagonismes du régime capitaliste. En définitive, l’Etat n’est qu’une excroissance parasitaire produite par le régime de Classe, appuyé sur la propriété privée des moyens de production et il doit commencer à disparaître définitivement dans l’étape de transformation révolutionnaire de la société bourgeoise en société socialiste. Les syndicats sont les organes économiques de la révolution Les syndicalistes libertaires affirment qu’il n’existe pas de représentation plus naturelle de la classe ouvrière que les syndicats et que par conséquent, ceux-ci sont appelés à réaliser la transformation économique de la société en remplaçant comme le dit le vieux mot d’ordre socialiste : » le gouvernement des hommes par l’administration des choses « . Les syndicats et les fédération d’industries, restructurées de façon rationnelle, contiennent en eux-mêmes tous les éléments techniques et humains nécessaires, pour développer pleinement les plans d’industrialisation collective. Face aux arrivistes de la politique révolutionnaire et aux revanchards de la politique réactionnaire qui prétendent s’emparer de nouveau du pouvoir public, nous maintenons le critère suivant : avec la révolution sociale, non seulement les syndicats ne doivent pas disparaître, mais maintenant au contraire, en pleine période de réorganisation sociale, les organismes syndicaux ouvriers qui de moyens de luttes revendicatives se sont transformés en instruments de direction et de coordination économiques doivent remplir leur rôle le plus important et décisif. Dans ces circonstances, la subordination des syndicats à la politique de l’Etat, bien que nous soyons dans une étape révolutionnaire et peut-être à cause de cela est une trahison envers la classe ouvrière, une basse manoeuvre pour faire échouer dans un moment historique où elle doit remplir sa mission la plus importante du point de vue socialiste : l’administration au nom de la société tout entière, des moyens de production et la responsabilité d’organiser la distribution au peuple des produits de consommation nécessaires aux prix le plus bas et les plus justes. la terre à celui qui la travaille Les hommes et les femmes de l’Association Syndicaliste Libertaire maintiennent aujourd’hui plus que jamais la vieille consigne révolutionnaire : La terre à celui qui la travaille « . Nous pensons que le cri classique des paysans du monde entier » Terre et Liberté » est l’expression sa plus juste des aspirations immédiates des paysans cubains. Terre, afin de travailler et de la faire produire ; Liberté pour s’organiser et administrer les produits de leurs efforts et de leur sollicitude, suivant les préférences des intéressés ; par l’exploitation individuelle ou familiale, dans certains cas des fermes collectives, quand cela sera possible ; mais toujours suivant al libre volonté des paysans et non imposé par les représentants de l’Etat, qui peuvent être des hommes très capables au point de vue technique, mais dans la plus part des cas, ne connaissent pas les réalités matérielles de l’agriculture et ignorent les sentiments, les inquiétudes et les aspirations spirituelles des hommes de la terre. Notre longue expérience des luttes révolutionnaire chez les paysans nous a convaincus que la planification de l’exploitation de la Terre, question vitale pour notre peuple, ne peut se concevoir comme un simple processus technique ; en effet, s’il existe des facteurs inertes, la terre, les machines, c’est le facteur humain qui est décisif, ce sont les paysans. C’est pour cela que nous prononçons en faveur de l’organisation du travail collectif et coopératif, sur des bases essentiellement volontaires, l’aide technique et culturelle devant être apportée comme un moyen -sans doute le meilleur- qui persuade les paysans des énormes avantages présentés par l’exploitation collective, par rapport au système individuel ou familial. Faire le contraire, employer la contrainte et la force, serait en définitive, jeter les bases de l’échec total de la transformation agraire, c’est à dire l’échec de la révolution elle-même, dans son aspect le plus important. En lutte contre le nationalisme En tant que travailleur révolutionnaires, nous sommes internationalistes, partisans fervents de l’entente entre tous les peuples, par dessus toutes les frontières géographiques, linguistiques, raciales politiques et religieuses. Nous éprouvons un grand amour pour notre terre : le même que les autres pays pour le leur. De ce fait, nous sommes ennemis du nationalisme, quel que soit le manteau dont il se couvre : adversaire décidés du militarisme et de l’esprit belliqueux ; opposés à toutes les guerres ; partisans d’utiliser les énormes moyens économiques employés aujourd’hui en armements, pour diminuer la faim et le besoin des peuples défavorisés, de convertir les instruments de mort produits en quantité terrifiante par les grandes puissances en machines productrices de bien-être pour tous les Hommes de la terre. Nous nous opposons résolument à l’éducation militariste de la jeunesse, à la création d’une armée de métier et l’organisation d’appareils militaires pour les adolescents et les enfants. Pour nous, nationalisme et militarisme sont synonymes de nazi-fascisme. Nous lutterons, invariablement et toujours pour qu’il y ait moins de soldats et davantage d’instituteurs, moins d’armes et plus outils, moins de canons et plus de pain pour tous. Les syndicalistes libertaires sont contres toutes les manifestations de l’impérialisme démodé ; contre la domination économique des peuples qui est si en vogue en Amérique ; contre la pression militaire qui assujettit les peuples et les oblige à accepter des systèmes politiques étrangers à leur particularisme national et à leur idéologie sociale, comme cela se pratique dans une partie d’Europe et d’Asie. Nous estimons, que dans le concert des nations, les petites valent autant que les grandes et de la même façon que nous sommes adversaires des états nationaux parce qu’ils assujettissent leurs propres peuples, nous sommes aussi – et à un degré supérieur si cela est possible- ennemis des super-Etats qui se prévalent de leur force politique économiques et militaire repoussent les limites de leurs frontières pour imposer aux pays plus faibles leurs systèmes d’exploitation et de rapines. Face à toutes ces méthodes impérialistes, nous nous prononçons pour l’internationalisme révolutionnaire, pour la création de grandes confédération des peuples libres unis par des intérêts communs, des aspirations identiques par la solidarité et l’entr’aide. Nous sommes partisans d’un pacifisme actif et militant qui rejette les subtilités dialectiques à propos des » guerres justes » et des » guerres injustes » ; d’un pacifisme qui impose la fin des armées de métier et le rejet de toutes sortes d’armes en premier lieu les armes nucléaires. Au centralisme bureaucratique Nous sommes, par nature, ennemis de toute forme d’organisation politique économique et sociale ayant des caractéristiques et des tendances centralisatrices. Nous estimons que l’organisation de la société humaine doit partir du simple au composé, de bas en haut, c’est à dire commencer dans les organismes de base : municipalités, syndicats, coopératives, centres culturels, associations paysannes, etc. pour s’intégrer dans les grandes organisations nationales et internationales sur la base du pacte fédéral entre égaux qui s’associent librement pour accomplir les tâches communes, sans dommage pour aucune des parties contactantes qui resteront toujours libres de se séparer des autres quand elles estimeront que cela convient à leur intérêts. Nous comprenons l’organisation sociale -aussi bien nationale qu’internationale- dans le sens et sous la forme de grandes confédérations syndicales, paysannes, culturelles, et municipales qui auront à charge la représentation de tous sans avoir d’autre pouvoir exécutif que celui qui leur sera confié, dans chaque cas par les organismes de bases fédérés. L’esprit de liberté des peuples ne peut trouver son expression complète que dans une organisation de type fédéraliste qui établisse les limites de la liberté de tous. La centralisation politique et économique que conduit comme nous le prouve l’expérience à la création d’Etats monstrueux supertotalitaires à l’agression et à la guerre entre peuples à l’exploitation et à la misère des grandes masses populaires du monde. Sans liberté individuelle Les syndicalistes libertaires sont partisans des droits individuels. Il n’y a pas de liberté pour l’ensemble si une partie est esclave. Il ne peut exister de liberté collective là où l’Homme en tant qu’individu est victime de l’oppression. Nous disons qu’il est urgent de garantir les droits de l’homme, c’est à dire la liberté d’expression, le droit au travail et à une vie décente, ma liberté de religion , l’inviolabilité du domicile, le droit d’être jugé par des personnes impartiales et justes, le droit à la culture et à la santé, etc. sans cela, il n’existe pas de possibilité de co-existence humaine et civilisée. Nous sommes contre la discrimination raciale, les persécutions politiques, l’intolérance religieuse et l’injustice économique et sociale. Nous sommes partisans de la liberté et de la justice pour tous les hommes y compris pour les ennemis de la liberté et de la justice mêmes. la révolution appartient à tous L’Association syndicalistes libertaire renouvelle sa volonté d’appuyer la lutte pour la libération totale de notre peuple et affirme que la révolution n’appartient à personne en particulier, mais au peuple en général. Nous appuierons, comme nous l’avons fait jusqu’à ce jour, tous les moyens révolutionnaires tendent à résoudre les maux anciens dont nous soufrons, mais nous lutterons aussi sans trêve, ni repos, contre les tendances autoritaires qui s’agitent dans le sein même de la révolution. Nous avons été contre la barbarie et la corruption du passé ; nous lutterons contre toutes les déviations qui prétendent amoindrir notre révolution claquant les modèles super-autoritaires qui écrasent la dignité humaine dans d’autres pays. L’Etat quoi qu’en disent ses adorateurs de droites ou de gauche, est aussi quelque chose de plus qu’une excroissance parasitaire de la société de classes : c’est une source génératrice de privilèges économiques et politiques et de ce fait de nouvelles classes privilégiées. Les vieilles classes réactionnaires qui essaient désespérément de reconquérir leurs privilèges abolis, nous trouvent dressés contre elles. Les nouvelles classes d’exploiteur et d’oppresseurs qui pointent déjà à l’horizon révolutionnaire, également. Nous sommes avec la justice, le socialisme et la liberté. Nous luttons pour le bien-être de tous les Hommes, quelles que soient leur origine, leur religion ou leur race. Dans cette ligne révolutionnaire, travailleurs, paysans, étudiants, hommes et femmes de Cuba, nous resterons jusqu’à la fin. Pour ces principes, nous risquerons notre liberté et si c’est nécessaire, notre vie. La Habana Juin 1960. |