De la psychologisation abusive
Notre société, ayant besoin de culpabiliser les pauvres malchanceux qui ne sont pas dans les clous de sa morale, a adopté tout un tas de ressorts en provenance de psychologies diverses pour pouvoir remplacer la soumission morale comme le faisaient les prêtres, dans certains cas ce rôle leur ai encore dédié. Sous couvert du manteau de la science, il y a une tentative de réduire les relations et les comportements humains au seul domaine psychologique. Réduisant ainsi l’individu à une introspection que jamais personne n’a saisi ou compris afin de mieux ignorer l’environnement social, ignorer les causes politiques ou économiques qui ont pu peser de tout leur poids et ainsi avoir des conséquences qui ne sont pas l’œuvre d’une pseudo-intériorité. Nous assistons donc à tout bout de champs à des termes qui s’ils ne sont pas forcément inutiles, sont utilisés de manière abusive et a des fins manipulatoires. Demandons donc à ces nouveaux sorciers la définition des mots qu’ils emploient qu’est ce donc le « ressenti », le « fort intérieur » etc.
Que ce soit d’obédiences psychanalytiques ou d’obédiences cognitivistes, quelques termes servent à généraliser, à classer, à étiqueter pour stopper tout débat et toute réelle tentative de compréhension, il en va du « schizophrène », du « ça remonte à la petite enfance », du « paranoïaque », du « bipolaire » lancé à tout bon de champs à la volée. Idem les sorties de « biais cognitifs » servant à clore rapidement un débat. MALHEUR à celui ou celle qui tombé.e entre les mains d’un expert aurait par ses réponses atterri dans les mauvaises cases, le jugement sera définitif et tamponné « validé par la science ».
Il va s’en dire que ce n’est pas la recherche scientifique en science sociale comme la psychologie qui est remis en cause, mais bien son utilisation à des fins idéologiques et économiques. La recherche en elle-même abouti souvent à des découvertes ou à des concepts intéressants et pertinents.
Sans oublier que bon nombre de nos contemporains, par mimétisme, reproduisent ce schéma. Ce qui a pour effet de mettre le Social et la lutte des classes hors du champ de réflexion, isolant encore plus l’individualité dans des fausses explications purement personnelles, ignorant les rapports sociaux et les rapports de forces au sain de la société.
Ceci ne signifie pas qu’il n’y a pas de troubles psychiatriques, dépendant du champ médical, et qu’il faut évidemment mettre les moyens pour les soigner. « Moyens » prétendant également à discussion. Il n’est pas question ici d’ignorer des problèmes ou des maladies qui méritent la meilleure prise en charge possible. Notons simplement au passage, qu’un environnement social égalitaire avec de meilleures conditions de vie, empêcheraient en amont un très grand nombre de cas dangereux (pour eux même ou pour les autres).
Mais la psychiatrisation peut avoir facilement des dérives tyranniques. En effet à cheval entre la médecine ( science « dure »), les concepts psychologiques( issu des sciences sociales) et le droit, la psychiatrie n’est pas « pure » ni « neutre ».
Exemples tirés de l’actualité : Trump est il fou ? Certes il exagère volontairement devant les médias mais n’a t’il pas une « folie » ? Ici encore ce procédé évite de penser le personnage, élu démocratiquement nous devrions tout d’abord voir qu’il est conforme à bon nombre de personnages de mauvais films hollywoodien, le citoyen-spectateur est gavé depuis des décennies de ce type de personnage. Trump est donc totalement cohérent avec la propagande subie. Trump c’est aussi une manière de comprendre et d’appliquer l’ultralibéralisme, loin des schémas psychologisants, il incarne et veut imposer une vision du Capitalisme.
Il en va de même du président de la Corée du Nord , où les blagues internet ne font que montrer le faible niveau des réseaux sociaux. Loin d’être drôle il est avant tout le produit anthropologique d’une culture reposant sur une tradition et une idéologie dictatoriale.
Les terroristes islamistes ne sont pas fous, ils sont endoctrinés par une pensée religieuse et agissent selon des préceptes en accord avec leur morale, quand bien même cette morale est irrationnelle.
Comprendre n’est pas excuser, comprendre c’est le premier pas pour faire face aux « experts du système actuel » et aux « défenseurs d’idéologies mortifères ».
Torcy
One thought on “De la psychologisation abusive”
Bonjour.
Les historiens eux-mêmes, qui se trouvent en présence de réalités objectivables… en apparence, et peu contestées, ne sauraient éviter de se poser cette question de la psychiatrisation et de sa soi-disant valeur explicative. Ainsi (pour parler d’un cas que j’ai étudié) les mauvais livres se sont donnés le mot pour parler de « vieille folle » à propos de Violet Gibson, qui le 7 avril 1926 tira sur Mussolini et le manqua de peu… Non seulement le diagnostic est outrancier, mais quand bien même serait-il exact que le problème resterait entier : agissait-elle PARCE QUE ayant souffert de troubles (expression plus appropriée, dans son cas) ou au contraire… AU NOM de tout ce qui lui restait de raison ?
Cordialement