Film : Un homme d’action

Film : Un homme d’action

Suite à une réunion débat sur le film « un homme d’action » sorti sur la plateforme commerciale netflix au sujet de lucio urtubia, voici quelques réflexions pour ma part…
Pour certaines périodes et certaines personnes la vie semble romancée. Parfois elles sont carrément mythifiées.
On sait que cette société du spectacle et de la marchandise a besoin d’alimenter son marché d’images idéalisées.le capitaliste guevara redonnant un billet au faussaire
On sait que la réalité n’a que peu d’intérêt pour ce genre de média.
Le capitalisme, l’aliénation salariale et toutes les tares que provoque leur propriété privative sur la société ne sera jamais critiqué radicalement. Ce serait anti-marché, anti-spectacle.

En tout cas, un réalisateur a choisi de produire librement ce film sur une dite « histoire vraie » (sur l’autobiographie de l’auteur ?) d’un bandit ou faux monnayeur… anarchiste, nommé lucio.

Ce qui pose surtout question dans ce film, à part quelques incohérences historiques évidentes, c’est le comportement de l’homme d’action, surtout au vu d’histoires personnelles parallèles qui contredisent les faits énoncés. Même si de belles histoires peuvent faire plaisir, démystifier c’est bien aussi ! Car Beaucoup de paroles et peu de faits vérifiables peuvent faire douter.

Au départ du film, en tant que maçon, il est rétif à travailler au rythme des autres travailleurs, il ne semble pas comprendre la solidarité de classe nécessaire entre travailleurs, mais au sein de ce groupe de travailleurs espagnols, il rencontra des anarchistes qui lui feront prendre conscience en partie de son comportement.

Sur Clichy, un des anarchistes nommé Germinal qui travaillent ensemble, lui présentera des figures de l’anarchisme (Bakounine, Proudhon, Kropotkine, Louise Michel, Durruti) représentées sur un mur, lui expliquant la portée de leurs idées et de leurs pratiques.
lucio lui répondra avec « modestie » (?) :
« Tu avais raison. je suis anarchiste. mais je le suis encore plus que tous ces types réunis »

En voilà un super héro !

Lors d’une réunion anarchiste à Clichy, il donne son point de vue et dit :
« il faut moins parler et passer à l’action, se battre pour la justice et l’égalité, voilà ce qu’il faut faire »
ça manque de précisions spécifiquement anarchiste, c’est dommage…

Après un casse dans une banque, et en proie à une suspicion vis à vis des compagnons qui l’ont pourtant intégrés au groupe anarchiste de Clichy, et qui s’inquiètent des conséquences de son casse, il leur répond que :
« un anarchiste ne rend de comptes à personne ! »
C’est vrai que pour certains, le collectif est un problème, sur le même principe que « Privatiser les gains et collectiviser les pertes ».

A la FAC de Nanterre, en mai 68, il rencontre son amour et lui demande :
« Toi t’aimes bien qu’on te donne des ordres ? et de voir les pauvres s’appauvrir et les riches s’enrichir ? obéir aux curés et aux politiciens ? » non « alors tu es des nôtres ! »
Si c’était aussi simple… dans ce cas, c’est qui qu’on peut définir « des nôtres » ?

Plus tard, se sentant concerné par le mouvement castriste/guevariste (ils font parti « des nôtres » ???!! ou des « siens » politiciens et curés staliniens ? En Espagne, au moins on savait ce qu’étaient ces pourritures staliniennes et leurs rejetons, mais pour lucio, pas de souci ! l’influence française certainement) , il va à l’ambassade de cuba pour proposer un deal au pouvoir cubain castriste, la création de faux billets américains inondant le monde pour couler le dollar américain et leurs banques. L’ambassade cubaine le mettra en relation avec le marxiste-léniniste stalinien che guevara (dans les toilettes d’un aéroport !) pour lui expliquer son projet, guevara lui répondra qu' »une puce ne peut tuer un éléphant ». che guevara étant mort en 67, ne serait ce pas un anarchronisme d’un RDV de 62 ? mais l’imprimante en 62 existait-elle ou plutôt pas !? Pour le coup, c’est quoi la vérité dans tout ça ?
C’est sans dire que la répression anti-anarchiste par le gouvernement castriste et par le stalinien guevara en particulier à cuba n’était déjà à l’époque pas un mystère. Il y eut des massacres de paysans anarchistes, et lucio s’en va tranquillement vouloir aider ce pouvoir Étatique là !?? bon… ok. en même temps il dit que « un anarchiste ne rend de comptes à personne ! » alors, si il le dit c’est qu’il est « libre » de collaborer avec des pouvoirs autoritaires.

On voit à plusieurs reprises des allusions suspicieuses sur des informateurs qui l’auraient dénoncé (c’est la trame du film inspiré des écrits de lucio) suite à un braquage avec El Quico, ou, à l’aéroport tout de suite après son rendez-vous avec che guevara. Aucune raison de penser que de telles activités risquées (avec des personnes connues internationalement) ne soient pas surveillés par la police ou les renseignements (par un/des micros ? il suffit de voir l’actualité des micros trouvés par ci par là dans les milieux « libertaires ») et ne mènent pas à ce genre de situation ?! apparemment non. C’est mieux d’accuser des compagnons sans preuves et de s’auto-idéaliser… et cependant prendre des rendez-vous avec un commissaire de police pour lui demander de l’aide ? Encore privatiser les gains et collectiviser les pertes. Mais une autre hypothèse serait que la meilleure défense c’est l’attaque ? se défendre de quoi, de la justification de ses propres pratiques douteuses ? bon… ok. en même temps il dit que « un anarchiste ne rend de comptes à personne ! » alors, si il le dit c’est qu’il est « libre ».

Finalement, il fera un marché avec la city bank pour obtenir sa libération contre les plaques d’impression qui permettaient de faire des faux chèques. Encore privatiser les gains et collectiviser les pertes. D’ailleurs il obtiendra sa libération avec une bonne prime contre les plaques.
Dans le film, il en repartira dans la joie avec dixit urtubia à ses compagnons : « cette fois la puce a vaincu l’éléphant ». (!!?)
Hors l’éléphant n’a jamais été vaincu, à part si quelques centaines de milliers de francs pour un seul individu (et quelques amis) représentent le capitalisme ? Les chéquiers et les cartes bancaires fonctionnent toujours de nos jours.
La bourgeoisie et le capitalisme n’a jamais été aussi puissante, les travailleurs jamais aussi vaincu dans la consommation et le spectacle.
Ce genre de lutte illégaliste personnelle a t il aidé le mouvement ouvrier d’émancipation sociale libertaire en France ou en Espagne ? ou était ce qu’une aventure personnelle sans lendemain ?

Des actes illégalistes peuvent être légitimes, après le choix des moyens détermine pour beaucoup les effets escomptés.
L’anarcho-syndicalisme et le communisme anarchiste sont des mouvements fondamentalement illégaliste du fait de la volonté pour le capitalisme et l’État, de les abattre, de les annihiler, afin de pouvoir instaurer sur ces cendres une société communiste libertaire. Aux périodes hautes de l’anarcho-syndicalisme, nombreux militants furent assassinés, tabassés, mis en prison, rejetés des entreprises, soumis à la pauvreté… Même si lors des révolutions à prédominance libertaire, il y eut une erreur répété qui sera de ne pas récupérer les fonds des banques, il y a eu des avancées réelles avec des rapports sociaux émancipés au sein des collectivités aragonaises, des rapports d’émancipation gravés dans l’histoire de l’humanité où il n’était plus nécessaire de voler des banques car l’argent ne servait à rien.

Quant à lucio, à chacun de se faire son propre avis, sa vérité sur ce « super héro » de netflix.

Voici quelques liens sur le sujet qui peuvent contredire la biographie ou ce film sur ce « super héro » :

https://www.ainfos.ca/11/feb/ainfos00266.html
https://cras31.info/IMG/pdf/lucio_urtubia_l_anarchist_fantasy-2.pdf

Il faut pas croire aveuglément ce qui passe sur les écrans. Il faut rester vigilant et on peut être étonné (ou au contraire ne pas l’être) que cette personne soit mise en avant par les médias bourgeois de gauche français et espagnols.
Ce qu’on peut remarquer, c’est que lucio a défendu/soutenu des staliniens tels que castro, guevara, rouillan et d’autres du genre invitant aussi podemos dans son local.
Qu’en a t il été pour les libertaires ? Il semble que… le soutien réel n’ait pas été à la hauteur du soutien prétendu par le faussaire. Et c’est réciproque.

PM

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