Regard noir sur le nucléaire et son monde…

Regard noir sur le nucléaire et son monde…

Regard noir d’un technicien EDF sur le nucléaire et son monde …

En 1974, en entrant à EDF au service entretien électrique du SEPTEN( la direction du parc nucléaire) , j’avais conscience du danger nucléaire naissant lié au productivisme et à la sur industrialisation. J’ai alors découvert la propagande de l’État et le rôle des syndicats pour défendre le nucléaire. Suite à mes prises de position anti-nucléaires, j’ai été interdit d’accès à mon lieu de travail et transféré à l’entretien des postes sur Paris.
En effet, la direction générale laissait le PCF organiser des cellules dans l’entreprise car il participait à l’argumentaire nationaliste dans la suite de la collaboration avec De Gaulle issue de l’après-guerre. Le rôle de la CGT n’était donc pas d’organiser les travailleurs, mais de les conditionner pour accepter le mensonge nucléaire. «  Le nucléaire, c’est l’indépendance nationale » ! Mensonge, car les brevets devaient être remboursés à Westinghouse ! De plus, l’uranium était , et est toujours, prélevé en Afrique et dans les pays de l’est, gouvernés par des dictatures …

S’opposer au nucléaire, cela signifie être marginalisé, « cracher dans la soupe », être sanctionné avec l’accord « du » syndicat … C’est refuser une économie productiviste, les grands projets inutiles des Vinci, Bouygues et l’exploitation des sous traitants et des sans papiers qui n’ont pas droit au suivi médical des agents EDF. Une des raisons pour expliquer le silence des agents EDF du nucléaire sur les problèmes des centrales, c’est que leur salaire est au moins le double de celui des agents de la distribution. Ils nous appellent d’ailleurs couramment «  les petits hommes en bleu » !

Dans mon atelier, il y avait 1200 personnes, titulaires d’un CAP électricien. J’y ai rencontré J.L. Morand , devenu la bête noire de la Direction et de la CGT, car militant anti-nucléaire. La CGT a essayé d’empêcher sa titularisation, ainsi que la mienne. Les menaces physiques étaient fréquentes … Il a quitté l’entreprise, je restai seul …

La direction faisait des réunions pour faire de nous «  les ambassadeurs du nucléaire à l’extérieur de l’entreprise » auprès de la famille et des amis. J’ai refusé d’y participer.
Par la suite, j’ai rencontré L. Puiseux, un ingénieur qui devait était supposé entrer à la direction générale d’EDF. Il m’a expliqué que le monde nucléaire était une mafia , porteuse de grands dangers sociaux. Il a été mis à pied, interdit de contacts avec les ingénieurs, calomnié par la CGT. Puis il a démissionné. Il a écrit «  La Babel nucléaire » pour en dénoncer l’autoritarisme.

L’argument de l’indépendance nationale est absurde : framatome, puis areva, puis orano s’inscrivent dans la pure tradition colonialiste. En Afrique, les mineurs qui travaillent pour eux ont une espérance de vie de 50 ans, et ne bénéficient d’aucun hôpital, ni école en échange de leur travail …
Pour la CGT liée au P.C., c’était «  les soviets plus l’électricité » ! Il fallait produire et faire croire que l’énergie était française. C’était la grande époque des fleurons français, le France, le Concorde … L’ultranationalisme contre la lutte des classe …
C’était la croyance en une énergie abondante, peu chère, pour des villes immenses avec grands ensembles chauffés à l’électricité mais sans isolation, des centres commerciaux éclairés la nuit …
Pendant les grèves, pour la CGT, pas question de toucher à l’outil de travail ! En 1968, la CGT refuse de couper par peur de bloquer le pays, ce qui pourrait conduire à une grève insurrectionnelle.

Actuellement, les prix de l’électricité augmentent malgré les 58 réacteurs !
Face aux mensonges de Jancovici sue le nucléaire décarboné, on constate que le nucléaire est le deuxième plus gros consommateur d’eau : 50 mètres cube par seconde ! Il participe aussi au réchauffement de l’eau.
De plus, il faut d’énormes centrales à béton pour les construire, ainsi que de grosses quantités de métaux.
Il y a les lourds échecs de Flamanville et de Superphénix. En 2016, le coût du démantèlement était estimé à 60 milliards (26 pour la déconstruction, 29 pour les déchets et 4 pour les coeurs). Aujourd’hui, c’est le déficit d’EDF qui dépasse les 60 milliards ! Donc, pour financer «  les petits EPR », il est prévu de ponctionner les livrets A, et de se servir des 18 milliards économisés sur le dos des retraités.

Pour conclure, le nucléaire représente au niveau mondial 2 % de l’énergie consommée. Selon Jancovici, si une explosion se produisait à Bure, ce serait comme une bombe, mais sous terre, donc sans gravité ! Le problème, c’est que Bure se trouve sur une des plus grandes nappes phréatiques d’Europe !
On ne sait pas retraiter les déchets.Le carénage coûte des milliards pour tenter d’allonger la durée de vie des centrales de 30 à 70 ans. L’uranium 235 se raréfie …

Sur le plan politique le même Jancovici cite la Russie et la Chine comme seuls pays menant une bonne politique énergétique car il faut un système autoritaire pour maintenir le nucléaire. C’est vrai, c’est une énergie impossible à auto-gérer, qui a été imposée à la société, et qui reste un lourd héritage, et un problème à régler pour les générations à venir… Il faudra sortir du capitalisme pour y mettre un terme .

Kropotkine : «  L’état implique l’existence d’un pouvoir au dessus de la société, et la concentration des fonctions de la vie entre les mains de quelques uns ».

Patrick.


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