Société sous contrôle des anciens, des modernes et des … façadistes ?
Diviser pour mieux régner / intégrer / assimiler !
On peut remarquer une chose assez basique au sein des sociétés Étatistes, sociétés sur lesquelles pullulent le capitalisme, le nationalisme, le théisme ou d’autres tendances archistes, c’est la volonté de certains et certaines hierarchistes (donc ceux et celles qui croient qu’ils/elles savent mieux que les personnes concernées) à vouloir contrôler nos actes et nos pensées, ceci par des traditions, par des lois, par la censure, par la manipulation, par un matraquage idéologique médiatique, par du manichéisme, de la propagande ou du prosélytisme, par de la morale ou du terrorisme intellectuel ou la répression directe ou policière. Que veulent ils / elles de nous ? notre obéissance, notre silence … vis à vis de leurs privilèges ou de leur volonté de privilèges. Ne leur donnons pas ce plaisir !
On pourrait parler des pratiques exécrables des anciens et des modernes, on connaît leurs pratiques de violences patriarcales, guerrières, expansionnistes, sexistes, théistes, inquisitoriales, génocidaires, esclavagistes, colonialistes, dictatoriales, nationalistes, totalitaires et élitistes. On pourrait parler de ces adeptes assumés de l’Étatisme moderne ou ancien… des traditionalistes, des conservateurs, des léninistes, des fascistes, des démocrates, des libéraux, des républicains, des intégristes religieux et bien d’autres. Mais en ce qui les concerne, c’est évident qu’ils sont dans cette logique entre libéralisme et autoritarisme, il n’est donc pas besoin d’en rajouter. L’histoire a parlé. Les prolétaires et les anarchistes ont eu à subir les pires répressions de tous ces groupements-là.
Non, parlons plutôt du fait que des uns et des autres veulent nous enfermer dans un choix simpliste binaire (comme au temps de la guerre froide) entre d’un côté le camp des progressistes, les “éveillés” (wokes ?) et de l’autre le camp des conservateurs, les “nationalistes” ou “théistes”. Il y aurait, pour le coup, uniquement 2 camps qui s’affronteraient… Sauf que quand on met “progressistes”, ça ne dit pas ce qu’il est question de faire progresser. Si il s’agit de faire progresser la hiérarchie, l’Étatisme, le capitalisme, le théisme, le nationalisme ou le patriarcat, ce n’est pas un progrès pour nous, au contraire. Et pareillement, quand on met “conservateur”, ça ne pose pas ce qui est à conserver. Si il s’agit de conserver la hiérarchie, l’Étatisme, le capitalisme, le théisme, le nationalisme ou le patriarcat, ça n’a aucun intérêt pour nous. Tout cela est à jeter. Donc une bataille d’opinion se joue et on est censé prendre parti pour les uns ou pour les autres, hors ce spectacle mis en scène par la “droite extrême” et par une “gauche extrême”, et soutenu par les médias libéraux, ne sort pas de l’ornière du capitalisme et de l’État. Alors pourquoi devrions nous nous positionner pour des partisans de l’État et du capitalisme ?
Évidemment, on le sait, les conservateurs veulent conserver, au sein de cette société capitaliste, un identitarisme / communautarisme nationaliste ou théiste par tous les moyens, dont la prise de pouvoir politique. Et les dits “éveillés” / “progressistes” qui, sans sembler le faire, défendent un identitarisme / communautarisme sociétal /cultuel / culturel à travers l’Étatisme, le capitalisme, le théisme, le patriarcat ou d’autres hiérarchismes. Ces derniers, intellectuels universitaires, mais aussi activistes, utilisent une méthodologie hyper-critique relativiste et déconstructionniste en partie exportée des universités des États-unis ou de France. Leurs théories portent sur l’oppression par défaut dont de nombreuses “catégories” minoritaires de la population seraient victimes. Ils produisent en fait de la littérature pour que l’appareil Étatique défende / réglemente les intérêts particuliers de chaque catégories en identités et en communautés. Ils accompagnent le capitalisme dans sa dynamique d’expansion en voulant y intégrer leur communauté comme référence intouchable (car opprimée), selon le principe “le personnel est politique”. Pas question pour eux et elles d’abolir la propriété privative ni d’abolir les classes sociales (donc l’État), le conflit reste uniquement rhétorique et intégrationniste. Ils défendent les droits sociétaux / culturels / cultuels relativistes pour telle ou telle identité / communauté au sein de l’État.
On pourrait nommer ces “progressistes”, d’identitaires, de communautaristes, peut-être même en wokes (comme le font leurs adversaires conservateurs), voire (même si ce terme est vague / confus) de post-modernes (PoMo). Comme c’est pour beaucoup des théories de façades qui ne tiennent pas sur grand chose autre que la rhétorique et la croyance relative d’une pseudo haute conscience morale d’une identité ou d’une communauté (essentialisme ?), je nommerai ceux-ci de façadistes. La généalogie de leur morale tourne en effet autour de certaines théories dite “post-modernistes” / “french theory” (Foucault, Deleuze, Guattari, etc), de jacques Derrida (écrivain confus), de judith Butler (auteure de la culture/théorie queer avec son livre “trouble dans le genre”), de l’intersectionnalisme (théorie comptable de division des droits selon diverses catégories, au sein d’un État), des études postcoloniales, voire pour certains de Heiddeger (philosophe et ancien nazi). Il serait question de déconstruire la modernité. Mais, en fait, c’est pour la rhabiller avec de nouveaux habits relativement plus (post-)modernes, plus (post-)moraux (?). Ce serait en quelque sorte un mouvement progressiste capitaliste de gauche, libéral, très moraliste, avec un côté citoyenniste politique (demandant des droits à l’État), et avec une pratique avant-gardiste (de type inquisition sociétale élitiste). En fait ce sont des idées radicales complètement assimilables par le système (ceci expliquant cela). Ce n’est aucunement un mouvement pour une révolution sociale égalibertaire qui est proposé mais un mouvement pour une intégration sociétale de dites “minorités / identités / communautés” multiculturelles au sein de ce système hiérarchique.
Quand on parle multiculturalisme, donc de communautés, d’identités voire de minorités, ça essentialise les personnes et ça oublie de parler des hiérarchies au sein de celles-ci, ainsi que des cultures / cultes / idées qui fondent ces communautés / identités. Ce n’est pas bien différent de l’universalisme libéral, qui mènera à des logiques communautaires ou identitaires, dont les capitalistes ou les nationalistes sont des représentants les plus connus. D’autre part, multiculturalistes ou universalistes, les cultures qui sont derrière, demandent à ceux et celles des dites communautés / identités / minorités de se conformer / s’identifier aux traditions, aux mythologies ou aux usages, locaux ou d’ailleurs, des dites communautés / identités (on peut voir la violence que cela peut produire partout dans le monde, dont ici, lorsqu’on ne respecte pas les codes de la dite communauté / identité). Leur idée est de renforcer le pouvoir économique, politique et social de ces communautés / identités / minorités pour obtenir du droit, du pouvoir et de s’intégrer au sein de la hiérarchie d’un système capitaliste, étatiste local. Car dans ces communautés ou identités idéalisées, il y a des hiérarchistes autoritaires ou libéraux, défendant le principe de l’Étatisme, du capitalisme, du territorialisme, du théisme… que les communautés ou identités soient majoritaires ou minoritaires, des oppressions peuvent y exister en son sein ou entre elles.
Mais n’oublions pas les communautaristes classistes, autrement dit les capitalistes, les bourgeois. Ceux-ci ont réussis à se créer des privilèges mondiaux contre l’autre classe de la société (les prolétaires). Les bourgeois défendent leur communauté économique envers et contre tous, grâce aux privilèges accordés par les États (furent ils nommés “socialistes” à une époque et en certaines zones du monde). Les bourgeois sont donc d’ardants défenseurs de l’assimilation des mouvements identitaires / communautaristes de toute sorte. Car, ainsi divisés en identités / communautés, les populations pourront moins nuire au système de classe instauré. Ceux-ci lutteront plutôt contre les autres dites communautés. L’identitarisme ou le communautarisme portent l’acceptation du classisme de sa propre communauté donc des rapports de classes tels quels et par conséquent la diminution de l’implication dans la lutte des classes globale pour l’abolition des classes. Par contre, les conflits inter-communautaires ne leur posent pas de problème. Les bourgeois sont en même temps des séparatistes assumés.
Dans le passé, la lutte contre le classisme a amené des politiciens travaillistes (PCF & co) ou syndicalistes (CGT-U bolchevique & co) à s’en servir à des fins électoralistes politiciennes et syndicales, la lutte contre le racisme a amené des politiciens (SOS racisme entre autres, et depuis sont venus certains “indigénistes” identitaires…) à s’en servir à des fins électorales / médiatiques, en faisant au passage dans la morale et le soupçon… Quant aux luttes contre l’homophobie, à côté de luttes politiciennes / médiatiques, de nombreuses entreprises capitalistes spécifiquement liées à la communauté homosexuelle ont vus le jour. Désormais les autres problèmes sociaux, lié aux classes sociales, importent peu à ces mouvements. Pour le féminisme ou les mouvements de libération sexuelle, ça s’est passé de manière assez similaire [lire “les leurres postmodernes contre la réalité sociale des femmes”, de vanina, édition acratie ] au mouvement d’abolition du classisme. La lutte a été dilué dans le système par des agents d’État. l’État, après le classisme-washing, fait désormais du féminisme-washing [ https://coordbrest.noblogs.org/post/595/ ] et aussi en quelque sorte du LGB*-washing.
Pour tenter de diviser les mouvements émancipateurs autonomes, l’État & co met en avant ses soutiens Étatiques (fussent-ils gauchistes). L’État fait dans le statu quo et la division depuis longtemps : le mouvement prolétarien a été poussé à faire dans le travaillisme (fier d’être un bon travailleur à l’égal du patron, mais pas d’abolir les classes sociales) et à s’intégrer dans ce système moyennant un salaire “correct”, le mouvement syndical a été poussé à faire dans le corporatisme et la division syndicale (et à éviter les pratiques de solidarité trop indépendantes de l’État et du capital), le mouvement d’émancipation sexuelle a été poussé à faire des communautés de style vie ou de pratique de sexe / genre (comme si l’émancipation était une question d’avoir le choix de consommation sexuelle, vestimentaire, comportementale), le mouvement anti-raciste a été poussé à faire dans les communautés cultuelles ou culturelles.
En fait, les États promeuvent et organisent le séparatisme, l’identitarisme, le communautarisme, ceci pour sauvegarder leurs capitaux et leurs pouvoirs, ce qui est l’essentiel pour eux. Tout cela a une même logique libérale afin d’empêcher la possibilité de perspective révolutionnaire (après la consommation et le spectacle, maintenant on a la communautarisation), car les hiérarques de communautés et corporations penseront à leurs intérêts capitaux vis à vis de l’État avant toute chose. On peut dire que ce qu’on vit actuellement est un projet libéral contre révolutionnaire, et certains radicaux en sont. Les pratiques des anciens et des modernes étant trop connus, ce mouvement de contrôle tente de passer incognito par le façadisme. Ne laissons pas ce mouvement nous contrôler ! Faisons leur perdre le contrôle ! Vive l’Anarchie !
PM