Y a t’ il un cassos dans la salle ?
Cassos ou cas social est devenu une « insulte » courante permettant à celui ou celle qui la professe de se sentir supérieur. Cataloguer une personne en tant que tel, ne prouverait il pas que la personne tenant ces propos pourrait, subjectivement, se classer aussi comme tel ?
Pour revenir au sérieux, cette dénomination, est la preuve, que dans le langage courant, être pauvre est une insulte en soi. Cette dénomination prouve un accord à l’idéologie dominante du Capitalisme.
Cassos est une attaque contre une situation sociale, laissant entendre que pauvre serait synonyme de « simplet ».
Par définition, « cas social » est toute personne qui a droit aux aides sociales. Les imbéciles bien formatés par la société vont toujours chercher plus pauvre pour se moquer, pour se croire « mieux». Démontrant ainsi le profond vide de leur pensée et leur profond vide de leur compréhension du système social actuel. Crachant sur certains, ils pensent pouvoir se classer avec les dominants, ils sont déjà fascinés et à genoux devant leurs maîtres socialement respectables… Prêt à lécher les bottes de la Bourgeoisie.
Remarquons que cela concerne les aides sociales, mais alors que dire des patrons qui touchent aides et subventions ? Pourquoi ce ne serait pas eux les cassos ? Ici encore on voit l’acceptation et le formatage du Capitalisme et de l’idéologie bourgeoise.
Indirectement, conforme au social-darwinisme néolibéral, nous revoyons ressurgir un monde binaire « loser » et « winner ». Que ceux qui voient des « cassos » partout se regardent un peu, il pourraient bien se découvrir « loser » selon le propre modèle qu’ils ont acceptés !
Sur l’imaginaire qui se cache derrière ce mot, il y a l’idée que des personnes ayant très peu, le minimum pour vivre, seraient, pour un bon nombre, des idiots, limite cas psychiatrique, qui ne comprendraient rien et feraient n’importe quoi. Il y en a, certes… Mais pas plus que dans d’autres couches sociales. Simplement plus l’aisance financière est grande, plus les carences mentales ou intellectuelles se camouflent dans l’apparence que permet cette aisance. Par exemple, une fois qu’on retire son niveau de vie, qu’on enlève ses petites routines, qu’on creuse un peu, le petit bourgeois, le DRH, le commercial « je me la pète », le politicien cravaté, la star bling-bling… est souvent un être pathétique et mesquin:
c’est la tombée des masques.
Quant à celles et ceux qui feraient « n’importe quoi », cela reste quelques cas montrés du doigt, pour mieux éviter de voir la réalité en face, celles et ceux qui tiennent bon, celle et ceux qui font face à leur conditions imposées par la société, dont le courage force au respect.
Assurément, chacun est responsable individuellement de ses actes, néanmoins nous n’avons pas tous le même point de départ. A la place d’une pseudo-psychologie au service de l’ordre économique, il serait plus pertinent d’analyser sociologiquement. Par là, le verdict est sans appel, il y a une pression familiale ou/et sociale subie par tous dont certains prendront plus ou moins le chemin de l’aliénation. Un exemple simple : comment acquérir un minimum de culture quand le contexte ne le permet pas ? Comment échapper à des erreurs grossières lorsqu’on baigne dedans depuis l’enfance ? Bander les yeux d’un enfant et il sera facile de lui faire croire qu’il est aveugle, que tout le monde est aveugle ! L’influence sociale vicieuse subie dans notre société est du même ordre que l’influence vicieuse d’une religion.
Le seul moyen pour contrer ce moulage social est une prise de conscience. Généralement mais pas obligatoirement cela conduit au chemin d’ une instruction ou auto-instruction en dehors de tout dogmes, une instruction qui s’oppose aux règles établies. « Non cela ne va pas de soi ! » pourrait résumer.
Et cette prise de conscience, signe de révolte face à l’injustice, quelque soit sa forme, quelque soit l’élément déclencheur, que le nom soi dit ou non, est révolutionnaire, est d’ « esprit » anarchiste.
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