Révolution anarchiste en Mandchourie
Dans nos régions, en France notamment, notre connaissance sur les mouvements historiques anarchiste sont parfois limités aux régions proche (l’Europe essentiellement), au plus loin la Russie. On connaît moins les mouvements anarchistes au sein des Amériques (Mexique, Argentine, États-Unis…). On connaît encore moins les mouvements anarchistes africains ou asiatiques, ce sont des bouts d’histoire libertaire qui sont plutôt inconnue par ici. Un livre sur la Mandchourie libertaire est sorti dernièrement amenant d’innombrables informations et analyses sur les groupements et mouvements anarchistes de l’est asiatique, on y apprend notamment qu’une guérilla libertaire importante s’est déroulé dans le nord est de l’Asie et y instaurant une commune libre de Shinmin. Ce livre “Révolution anarchiste en Mandchourie (1929-1932)” de Emilio Crisi, aux éditions Noir et Rouge, raconte largement les divers mouvements anarchiste au sein de l’est asiatique.
On y apprend en fond ce que fut l’impérialisme japonais dans toute cette zone, avec les massacres, les viols, les emprisonnements, les exécutions, les exils forcés, … Ce livre énonce plutôt cette partie d’histoire localisé en Corée puis en Mandchourie. Du fait de l’impérialisme japonais depuis 1910, de l’exil forcé qu’imposera le japon aux paysans coréens et autres parties de la population, du fait de la préférence nationale japonaise, un fort sentiment d’indépendance nationale prédominera sur la société coréenne et les exilés en Mandchourie. Les anarchistes s’adapteront au contexte. La thématique indépendantiste prendra une part lors de la construction du mouvement anarchiste coréen même si celle-ci sera contextuelle et sera moindre que la question sociale.
Le mouvement anarchiste en Mandchourie deviendra, entre 1927 et 1931, un lieu de ralliement d’anarchistes de diverses zones, dont principalement des coréens chassés par les colonisateurs japonais, puis des chinois et des japonais. Mais avant ce mouvement armé de guérilla insurrectionnel, il y eut un enracinement du mouvement anarchiste en Corée, en chine, au japon et en d’autres zones asiatiques. Ce fut une période instable où diverses armées se disputaient la chine dont les zones de Mandchourie, dont des seigneurs de guerres et leurs clans. Cependant, face aux colons japonais et aux divers clans, il y eut une résistance aux japonais par des nationalistes, des marxistes-léninistes, et des libertaires.
Parmi les groupements militaires coréens encore présents, un général coréen Kim jwa jin, de l’armée du nord, était connu pour un fait d’arme ayant mis en déroute en 1920 les japonais. Ce général, après avoir été mis un temps en prison, occupa alors, avec son armée, dès 1925 la préfecture de Shinmin. En 1927, une réunion d’alliance, entre anarchistes et l’armée insurrectionnelle de Shinmin, prévoyait dans un “manifeste communiste anarchiste” la gestion communale de la région par les anarchistes et l’armée du Nord. En 1929, cette jonction (déjà de fait) entre le mouvement anarchiste coréen bien implanté dans l’est de la Mandchourie et l’armée du nord, influa sur la pratique et la perspective sociale de la guérilla au sein de cette partie de région de Mandchourie.
Comme souvent dans l’histoire, les anarchistes ont eus à combattre les deux ennemis habituels, les nationalistes et les marxistes-léninistes, et ici l’empire japonais. En 1931, des tueurs vinrent éliminer ceux qui nuisaient à leur expansion… des hypothèses divergent pour savoir si les exécuteurs étaient des japonais ou des marxistes-léninistes. Cette commune dura quelques années, elle fut vaincu en 1932 suite à l’invasion japonaise et du fait de plusieurs assassinats préalables, il manque beaucoup de documents afin de s’en faire une idée exacte de cette “commune” qui faisait une superficie de 1/3 de la France, mais ce livre énonce un mouvement intéressant pour nous anarchistes. Un livre à lire.
PM