DANGER: FASCISME OU NOUVEAU FASCISME?

DANGER: FASCISME OU NOUVEAU FASCISME?

De l’insulte à l’arrivée de la répression, de la destruction de Liberté camouflé derrière des mots tel que Liberté ou encore Démocratie ; difficilement identifiable, le retour du fascisme semble utiliser un nouveau visage. Qu’il soit d’un parti extrémiste ou saupoudré de libéralisme et de citoyennisme l’éternel fléau  semble accélérer son retour.

Pour pouvoir le comprendre, il faut comprendre son mécanisme; nous verrons donc qu’il a plusieurs façons d’apparaître et qu’il peut endosser plusieurs formes.

Du fascisme italien se prenant pour l’Empire romain, à l’ultra-catholique franquisme espagnol, en passant par les dictatures marxistes et les dictatures d’extrême droite d’Amérique du Sud, sans oublier les dictatures islamiques et le nazisme ; nous pouvons constater qu’il y a Des fascismes mais que ceux ci ont bien un berceau conceptuel commun ; appelons cela le Fascisme «primitif».

Si le fascisme naît bien en Italie sous la main de Mussolini tout en étant propre à ce pays , ce dernier peut donner le nom doctrinal à une longue liste de mouvements et gouvernements qui s’inspirent ou non du mussolinisme.

Pour comprendre ces mécanismes nous pouvons établir plusieurs points.

 

Voline dans sa brochure «le fascisme rouge» dans laquelle il démontre que la dictature du parti communiste est un fascisme, note 3 raisons fondamentales de son succès au 20ème siècle :

  • Raison économique:le Capitalisme basé sur la concurrence et sur les entreprise privées montre son incapacité à réagir au besoins économiques de tous, vient l’idée au bourgeois d’instaurer une dictature au dessus des intérêts économiques pour sauvegarder leurs richesses et leur pouvoirs
  • Raison sociale: La faillite du capitalisme privé, avec toutes ses conséquences effroyables, crée une situation nettement révolutionnaire. Les capitalistes veulent utiliser l’oppression pour mater les révoltes. Apparaît ici, écrit Voline l’idée du capitalisme d’Etat
  • Raison idéologique ( relevant de la psychologie de masse) :l’idée du grand chef -sauveur ou d’une élite dirigeante ;cette croyance en des individus qui seraient largement au dessus des autres, cette croyance que la masse doit être guidé à l’opposé d’un but émancipateur égalitaire et libertaire, est la raison de l’acceptation de la dictature par l’ensemble des personnes; une partie de la doctrine est donc déjà entretenu dans l’esprit du peuple. Sans cette croyance en un monde hiérarchique obligatoire, il serait impossible à une dictature de s’installer.

Nous avons là la genèse de tout fascismes de l’extrême gauche à l’extrême droite.(1)

Puisque nous voyons actuellement la montée du Fascisme par des mouvances d’extrême droite nous devons également relever ce que nous nommerons des « habitudes culturelles » communes. Et nous verrons que le néolibéralisme actuel endosse lui aussi beaucoup de ces « habitudes culturelles ».

  • Un culte d’une tradition :Généralement la Nation ( d’où le nationalisme) mais ce peut être également une Religion ou des Lois ( les lois du marchés et la Concurrence par exemple) ; ce qui compte pour un fascisme qui s’installe est de considérer hérétique et dangereux -au point de le punir- quiconque remet en cause les « fondamentaux » . Avec ou sans dieu les règles de la Tradition- de l’Ordre relève d’une forme divine dans les esprits l’acceptant.
  • Une conception philosophique mal délimité : Ce qui explique qu’ils vont avoir d’apparence des bases différentes alors que celles ci ne sont que des effets socio-historiques mais au fond rejoignent les même fondamentaux.Ces conceptions floues permettent à des paradoxes de faire partie de la théorie occasionnellement,tout en étant utile à sa propagande. La doctrine fasciste aime s’enrichir de brides volées par ci par là, mais jamais elle n’acceptera l’ensemble de ce qui vient d’être dépouillé, ni réfléchira sur le pourquoi de telle acception plutôt que telle autre puisqu’elle montrerait son inconsistance: elle devra faire preuve de rhétorique et de ruses pour se justifier. La réflexion profonde lui est ennemi.

    Ainsi nous pouvons voir certains fascistes français ( ou des idiots intellectuels de foire faisant le jeu du Fascisme en soutenant les même thèses) citer Bakounine, en enlevant les idées du contexte et de l’ensemble de ces théories; comme tout théoricien de la révolution sociale, Bakounine peut être discuté, amélioré, critiqué, analysé, regardé au regard des autres anarchistes qui le suivront, etc mais le fascisme fera un raccourci et le vieux Bakounine se transforme sous leur plume en «nazi», «antisémite» ; «sataniste», «massacreur», «monstre sanguinaire» ce qui vous en conviendrez n’est pas sérieux. Autre exemple incohérent: nous avons pu voir récemment des nationalistes faire l’apologie de Robespierre comme père de la Nation puis 1 mois après déclarer la Révolution française comme étant issu d’un complot judéo-maçonnique antichrétien. Paradoxe qui ne les dérangent visiblement pas.

    D’autres vont donner une lecture fasciste d’un penseur et au lieu de dire « tel ou tel chose s’incorporent à nos idées » préfèrent faire du penseur: un facho-l’un des leurs, ce qui est philosophiquement faible et malhonnête à la fois, mais dangereusement efficace pour leur propagande.

    Autre détail intéressant est le rapport entre fascisme et l’Art. L’Art est l’ennemi des totalitarismes tant qu’il a une portée de dénonciation de la situation présente, il est donc souvent victime soit de l’oppression soit d’une indifférence savamment orchestré. Lorsque celui ci commence à rentrer dans le moule il peut être incorporé ( les futuristes sous Mussolini ). Il ne faut donc pas se méprendre toute attaque contre la création artistique ne vise qu’a dire «tu es puni de ne pas nous rejoindre», donc si l’artiste accepte de trahir son «instinct» initial, de se vendre-pas forcément pour survivre, mais pour s’enrichir ou par rêves de gloire- tout peut être, par brides, incorporés. Ce qui va pour la Peinture convient pour les autres formes artistiques, la Musique en est un bon exemple. Il y a donc sous ce genre de régimes une tension terrible pour un artiste face à la survie et au compromis qui peut devenir une pente fatale. Lorsque nous voyons un nombre immense d’artistes en tout genre et que peu sont originaux, que souvent cela se ressemble tout, que très peu vis à vis du nombre sorte du lot, que les médias voient des « génies » et des « nouveaux talents » toutes les 5minutes, cela signifie que ce qui fut de l’Art est réduit a n’être que produit de consommation.

    Le danger actuel est donc que le Relativisme qui fleurie sur les médias et autres « outils de communication », qui nous laisse croire que toutes réflexions se valent, que le « paraître » est plus important que « l’être », qu’il faut aller s’informer très vite sans prendre le temps de réfléchir ou de s’instruire ; et totalement dans la définition sus-nommé et démontre que l’idéologie libérale actuelle est devenu fasciste sur ce point.

  • Le culte de l’Identité  : Afin de masquer les vrais rapports économiques et sociaux, la création d’un « Nous » qui se gonfle l’égo, admire la force ; la force brutale ou la force économique ou militaire qu’importe. A la différence d’une pensée émancipatrice qui suppose l’action dans un but égalitaire au delà des différences, le fascisme propose l’action pour l’action ; il y a toujours une guerre derrière une guerre. Ce « nous » ne réunit pas dans un but commun social mais réunit dans une raison quasi « mystique » dans un irrationalisme, ne défendant pas une union de fait mais d’une essence supérieur, d’où le racisme, le racialisme, le rejet de l’autre, la mise au pas de celles et ceux que l’Identité considèrent comme inférieurs, ou dangereux pour ladite identité. Alors qu’une pensée révolutionnaire libertaire en tant que mouvement collectif vise la disparition des inégalités ; s’il y a destruction du rapport de classes ( la classe étant un fait social-économique et non d’essence) il n’y a plus de classes, la destruction de la domination implique la fin de la classification entre dominants et dominés,. Une société anarchiste inclus un certains nombre de fonctionnements permettant les libertés individuelles et collectives ( comme le choix du mode de vie entre autre,qui peut être diversifié donc), mais n’inclus pas une Grande identité source de hiérarchie entre individus et groupes. En comparaison le racisme ( le propre de certains fascismes) vise une domination voir l’extermination d’un peuple, d’une type d’individus, de gens de tels critères, mais jamais il ne contient son auto-suppression.Que ce soit la Nation, la Religion, le Marché ( avec rappelons nous: les jeunes cadres dynamiques, ou le fameux manager « battant », ridicule certes, mais certain(e)s y croient réellement au point d’être très nuisibles), toutes ces identités réclament la soumission de ce qui est considéré comme différent.

Pour conclure,

Nous pouvons dire qu’il y a le Fascisme au sens de courant philosophique et politique qui incorpore différents mouvements passés et présents, il peut revêtir différents visages selon que l’accent est poussé sur tel ou tel aspect de son idéologie. Que ce dernier est une sous catégorie envisageable du capitalisme selon le cadre socio-économique et historique.

Actuellement différentes formations fascistes, certaines plus proches des fascismes historiques souhaitent un changement direct, rapide dans un régime totalitaire, ils grossissent leur rang grâce aux médias bourgeois.

L’ultra-libéralisme, le néo-libéralisme suivant le «devenir» logique de leur présupposés va lui aussi dans une direction de +en+ fasciste et dictatoriale; le fascisme de ces derniers est d’un nouveaux type, ne mettant pas l’accent sur les mêmes points que ceux du passé, le rendant plus difficilement identifiable au quotidien, il fonctionne étapes par étapes, s’installe doucement et sûrement. Il n’est pas le fruit de gens qui se réclameraient -même masqué- d’un fascisme mais de gens de la classe bourgeoise et leurs sbires qui suivent leur croyance et leur doctrine accomplissant par là ce nouveau fascisme, subtilement et sournoisement. Il n’est pas la peine de faire appel à un pseudo-complot mondialiste, la doctrine économique actuelle contient en soi les « gênes » du Fascisme puisque c’est cette même pensée économique qui représente le mieux le Capital, père du Fascisme. Quelque soit les individus et quelque soit leur motivations c’est la logique même de leur économisme qui est fasciste. Il n’y a pas un passage brutal, il est présent dès le départ et avance vicieusement pour atteindre son apogée.

Pour nous révolutionnaires, anarchistes mais aussi toutes personnes de bonnes volontés opposées au totalitarisme, nous devons toujours en tous points et tous lieux, identifier ce fléau et résister.

Que cela plaise ou non seule une révolution sociale et libertaire permettra de mettre fin au capitalisme et a tous ses dérivés.

 

Torcy

(1) l’anarchisme est parfois classé à tort à l’extrême gauche, en tant que mouvement révolutionnaire l’anarchisme n’est pas à l’extrême gauche du capital. Malgré certains confusionnistes, qui ont des miettes à gagner, l’anarchisme n’a rien à faire avec des mouvements visant des dictatures, quand bien même elles dragueraient avec des jolis mots souvent creux.

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