Sport et Capitalisme

Sport et Capitalisme

L’activité sportive est une pratique mise en avant par divers individus et organismes avec comme thématique que « Le sport est bon pour la santé« . Si on prend l’étymologie du mot sport « dans le vieux français « desport » […] signifie amusement, divertissement. Il est associé au plaisir physique ou au plaisir de l’esprit » (Source : « Éthique et sport« , Philippe Sarremejane).
On ne peut qu’approuver ce qu’est le sport dans ce cadre, ça implique une activité dans un rapport social de plaisir partagé, ça a pour effet une socialisation partagée et non imposée, c’est plutôt bon pour la santé.

Mais il se trouve que le sport, actuellement, est institutionnalisé et orienté vers un rapport social de compétition, de hiérarchisation sociale (entraîneur, coach, élève sportif), une société stratifiée et divisée en classe. On y apprend qu’il faut avoir de l’abnégation et même souffrir pour devenir le premier, pour gagner un prix, pour gagner une course. Il faut être compétitif au sein de l’équipe/du club, être meilleur que l’autre, avoir la meilleure place. On y apprend à prendre une place dans la hiérarchie, voire à jouer des coudes pour prendre la place à d’autres. Il faut aussi être compétitif envers les autres équipes/clubs, et mettre en avant son équipe, son club, sa ville, sa région, sa nation. Il y a la nécessaire solidarité interclassiste entre les entraîneurs, les sportifs et les fans, avec le « tous ensemble », si le sportif gagne, l’entraîneur aussi et les fans également. C’est un entraînement au devenir capitalistique de consommation et du spectacle.

Le sport de ce type est clairement une école pour l’intégration et le conditionnement des enfants/adultes aux valeurs hiérarchiques du système capitaliste, voire dans une certaine mesure des nationalistes et théistes.

Quand on regarde le fonctionnement de cette société capitaliste, il est à l’image du sport compétitif. Le système capitaliste prend diverses formes, mais son fondement est la compétition entre producteurs / propriétaires dans un marché libre (contrôlé par l’État !), afin de renforcer/accumuler le capital du « meilleur ». La compétition se fait entre individus propriétaires / producteurs de même métier, tels des artisans / microentreprises / coopératives / petites ou grosses entreprises / multinationales les uns contre les autres.

Ces structures du capitalisme sont comme des clubs sportifs dans lequel il y a un patron / directeur, des managers / coachs / entraîneurs, et des salariés / sportifs de compétitions. Parfois condensés en une personne (artisans, microentreprise), partagés en plusieurs personnes (coopératives) ou organisés hiérarchiquement comme dans les entreprises. Dans ce contexte, il y a aussi comme similitudes les consommateurs/clients et fans sportifs, et parfois selon le niveau de visibilité de l’entreprise / du club, l’ajout d’actionnaires / de sponsors.

Au sein de la structure capitaliste, la direction voudra gagner plus (pour elle et les actionnaires) en augmentant le prix du produit et/ou en réduisant les marges salariales des travailleurs, elle sera aidé par les managers formés à motiver les travailleurs à leur exploitation et à des promesses d’augmentation ou de primes, ou à les diviser. Les travailleurs commerciaux sont incités à vendre avec des objectifs préalables avant d’avoir un pourcentage sur les ventes. Pour mieux vendre, il faut qu’il y ait de meilleurs outils ou que la main d’œuvre soit moins cher, les travailleurs sont donc pressés à être plus productifs (avec formations, etc), devant faire le travail en moins de temps. Mais ces derniers sont aidés par des outils machines/robots dans le travail des travailleurs salariés, avant que ces machines robots ne soient autonomes et ne remplacent la main d’œuvre humaine. La direction fera l’analyse de la concurrence et définira ses stratégies selon l’objectif défini. Des réunions se font où tout le monde est impliqué dans la stratégie de l’entreprise (si l’entreprise gagne tout le monde gagnera) où la transparence se fera sur les concurrents et ce que les travailleurs devront donner comme effort afin de battre la concurrence, qu’ils deviennent meilleurs que des robots. Mais bizarrement, il y a moins de transparence en interne sur les comptes de l’entreprise.

Dans le milieu sportif, l’objectif est de gagner les compétitions pour aller au plus haut des niveaux, le sportif doit tout donner pour gagner, ce doit être son seul objectif. La reconnaissance, la valorisation, la mise en avant de l’individu « supérieur » (en exploitation), ceci pour pourquoi pas que plus tard le sportif devienne un professionnel sportif, un entraîneur, voire qu’il soit dans la direction sportive. Les capacités des sportifs est agrémenté de matériel afin qu’ils soient « meilleurs », on y voit des chaussures ou autres (vélos, bateaux, voitures, …) qui auraient une action positive sur la compétitivité des sportifs, qu’ils deviennent aussi « bons » ou meilleurs que des robots. On est pas loin de l’homme augmenté, du transhumanisme, la technologie au service du sportif. Des réunions pour analyser le jeu des autres sportifs se fait dans l’objectif de trouver les moyens pour les sportifs de les dépasser.

Une chose très commune dans ce milieu sportif et ce milieu du capital est la souffrance que l’individu doit subir au quotidien dans son activité, avec des pressions, des injonctions, des objectifs ou des ordres impossibles, des abus (physiques ou mentaux). Tout ça pour le bien du club/sport et le bien de l’entreprise/capital. Les stigmates de la souffrance qu’il ramène avec lui, qu’il ramène chez lui peuvent amener certains à vouloir dépasser leur réalité en utilisant des drogues ou du dopage. Il y a parfois des effets morbides tels des suicides au travail (ou hors du travail mais en lien à ce travail qui a symboliquement une valeur énorme dans cette société du capital) ou parfois des individus tuant leurs employeurs. De nombreux accidents (mortels ou pas) arrivent chaque jour pour les sportifs ou pour les travailleurs. Les maladies sportives/professionnelles existent également chez les sportifs ou les travailleurs, les burn-out également. La santé et le sport (ou le travail) sont donc loin d’avoir un lien effectif dans cette société hiérarchique.

Et pourtant ce sport là est mis en avant avec diverses raisons, dans les écoles, dans les médias ou autres zones de chasse du capitalisme. Bien que cela semble innocent, c’est un choix que de soutenir une telle pratique / idéologie de compétition. Le travail (activité pour répondre aux besoins vitaux de l’existence : nourriture, logement, …) aussi a eu cette mutation vers la propriété privative et la hiérarchisation, par le salariat capitaliste, du fait de la pression des propriétaires. A la différence de l’activité sportive qui n’est pas une activité essentielle (mais utilisé comme moyen d’entraînement et d’adaptation idéologique des individus au règne du capitalisme), l’activité travail en est une. C’est une des raisons pour laquelle le travail a été si convoité et mis sous les chaînes de la propriété privative par les propriétaires (États et individus/familles/castes voleurs).

Voir et pratiquer le travail ou le sport comme une simple activité plaisante et qui a du sens (C’est à dire répondre à des besoins vitaux et non des besoins inventés pour nous rendre dépendants ou « puissants », qui de plus créent un gros problème écologique vital), sans avoir à supporter une hiérarchie, paraîtrait hélas pour beaucoup une hérésie. Et pourtant, ça va de soi. A part ceux qui ont étés éduqués et conditionnés à la hiérarchie, c’est à dire beaucoup de monde. Les expériences de « travail » non salarié sans exploitation, une activité qui a du sens et qui est plaisant, c’est à dire ce que certaines tribus vivent par la chasse et la cueillette, mais aussi sous une forme agricole, par le communisme libertaire, forme qui a existé en Ukraine ou en Espagne dans l’Aragon (et ailleurs) durant de nombreux mois, ou individuellement et/ou collectivement dans différents lieux. Ce n’est pas une utopie, mais une réalité qui a été annihilée ou est détruite manu-militari par des capitalistes/étatistes ayant horreur du communisme libre (qui pourrait donner de « mauvaises » idées, d’après eux). C’est un choix qu’on fait en laissant ce capitalisme prospérer et en délaissant notre propre volonté de vie à ces voleurs de vie, à ces massacreurs de sociétés libres, à ces destructeurs de la planète.

Certains font un travail salariés avec une activité physique intense et peu plaisante (les conditions de travail ne sont que peu négociables, il faut être « rentable », les propriétaires assignent une tâche selon un temps donné) et qui peut blesser voire handicaper, tandis que d’autres font un travail sédentaire avec peu d’activité physique (ce qui n’aide pas à leur santé non plus). Le travail salarié ressemble à une activité sportive forcée dont on ne définit pas soi même les limites. C’est tout sauf un plaisir (physique ou mental). Mais le masochisme existe et il y a des travailleurs fanatiques du travail, en certains lieux ça s’appelait du stakhanovisme. Difficile à le cacher, il y a aussi des sadiques, les capitalistes aiment le mot fordisme  ou le management.

On peut voir les sports se développer de manière industrielle, les enfants vont tôt se former à un sport, apprendre à répéter des gestes jusqu’à avoir des gestes automatisés. Des enfants sont formatés à apprendre et représenter des techniques d’adultes sans que cela ne puisse avoir aucun sens pour elleux (si ce n’est un regard d’admiration ou sévère de leurs parents). Ils en font des « singes savants ». C’est le sport des hiérarques. A la rentrée des classes, les enfants sont incités par les parents à choisir un sport ou une activité. L’influence médiatique ou des parents est grande, mais si il n’y a pas de plaisir de l’enfant pour faire une activité sportive, pourquoi les parents l’y obligent ? Pour qu’il apprenne la hiérarchie sociale, qu’il s’y confronte, qu’il s’y adapte et reproduise le schéma hiérarchique ? Si l’enfant ne veut pas, c’est que ce qui s’y cache derrière ne lui convient certainement pas ! Mais si l’enfant a plaisir à faire une activité sportive, pratiquez avec lui ou choisissez un club/prof qui ne soit pas à l’image de cette société autoritaire.

On peut effectivement rejeter les mots « travail » et « sport » et ce qu’ils représentent actuellement et y mettre respectivement d’autres mots comme « activités » ou « jeux ». Mais pourquoi ne pas diviser leurs mots en « travail compétitif/salarié » et « sport compétitif/capitaliste » en opposition respectives à « travail partagé » et « sport plaisir » ?

Même si ils essaient de l’enrober dans une forme managériale douce et intelligente afin de faire passer leur pilule de violence sociale, leur sport ou leur travail est basé sur un rapport social autoritaire. Nous sommes innombrables à vivre de peu dans cette société et à subir leur violence… Le sport n’est pas obligatoire pour survivre, le travail, si. Le refus de leur sport est certainement une bonne entrée en matière ou alors d’avoir un club libertaire, Le refus de leur travail obligatoire (TO) implique d’être organisé. Le refus de travailler, donc d’être chômeur ou précaire, implique également d’être organisé. Être organisé dans tous les secteurs de travail (ou non travail) afin d’avoir un rapport de force révolutionnaire et solidaire afin que la propriété ne soit plus prédominante mais que la société réelle le soit, est nécessaire…

Le football est mis en avant dans leur mondial, leur sport olympique ou leurs compétitions sportives parsèment les médias (radio, télévisuel ou internet -youtubeurs, réseaux « sociaux », sites, pubs, etc – ) et influencent la vue sur ce qu’est le sport. Le travail, c’est idem , un prosélytisme existe dés l’école afin de faire de nous de futurs travailleurs (qui essaieront d’avoir la meilleure note, le meilleur salaire, la meilleure place)

Ils nous vendent leur sport olympique, mais ils expulsent à St Denis et la spéculation immobilière arrive dans le quartier. Au Qatar, de nombreux travailleurs sont morts pour construire des structures du « mondial ». Des milliards sont dépensés pour faire vivre leur sport, tandis que ces milliards pourraient résoudre d’autres problèmes créés par leur capitalisme. Dévier l’attention des populations sur leur réalité vers des divertissements sportifs leur semble une bonne chose, comparé au bien être des populations. Mieux vaut pour eux que les populations s’excitent sur la victoire d’une nation, d’une équipe ou d’un athlète, sans se poser de question sur le rapport de classe ou le rapport idéologique nationaliste ou capitaliste (voire parfois théiste) que cela implique.

Lutter contre le conditionnement de cette société de classe, en préconisant un sport plaisir/partagé et non leur sport compétitif, est nécessaire. Lutter contre cette société capitaliste avec tous les rapports hiérarchiques et de propriété privée, en préconisant le travail plaisir/partagé (communisme libre) et non leur travail de compétition, est nécessaire.

PM.

En tous temps la plus grande importance a été attribuée au sport à bon droit et avant tout par tous les gouvernements : il amuse les masses, leur brouille l’esprit et les abêtit. Les dictateurs avant tout savent bien pourquoi ils sont toujours et dans tous les cas en faveur du sport. Qui est pour le sport a les masses de son côté. C’est pourquoi tous les gouvernements sont pour le sport et contre la culture. « Le football, une peste émotionnelle : La barbarie des stades« , de Jean-Marie Brohm.

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